Bahá’í World/Volume 7/Bahá’í, from “La Sagesse de l’Orient”
BAHÁ’Í
Chapter III from Dr. Edmund Privat’s book, "La Sagesse de l’Orient”
LA superstition, l’intolérance et l’alliance des prêtres avec la tyrannie sévit en Islám comme ailleurs. La grande lumière s’assombrit dans la fumée ténébreuse des formes vides et des passions fanatiques. Il y eut plusieurs fois des réveils et des retours à la pureté du message.
“Chez nous, en Perse, le Báb vécut en saint et mourut en martyr à Tabríz, il y a près d’un siècle. Bahá’u’lláh lui succéda, exilé de Perse, emprisonné par le sulṭán turc. Il proclamait que l’unité divine exclut les rivalités. La soumission à Dieu doit rapprocher les hommes. Si la religion les sépare, c’est qu’elle a perdu son principal sens.
“En plein milieu du dix-neuviéme siécle, au temps des Lamartine et des Victor Hugo, le grand saint musulman fixait aux Bahá’í, ses disciples, un programme et des principes plus actuels que jamais.
“Le premier, c’était la recherche honnête de la vérité sans préjugés, ni superstitions. Un clergé qui a peur de la connaissance fait injure à la plante qu’il atrophie dans l’ombre. Pendant les premiers siècles, on vit l’Islám encourager partout l’étude de la pensée. Ensuit, il se replia dans une jalousie étroite.
“Bahá’u’lláh proposa d’ouvrir les fenêtres et de secouer toute crainte.
“Son deuxième principe était l’unité de la famille humaine, sans distinction de race, ni de couleur: feuilles d’un arbre unique, fleurs d’un même jardin.
“Tout préjugé de race lui semblait une barbarie et une insulte á l’Eternel, présent dans tous et créateur de chacun. Il évoquait la chaîne interminable et sanglante des cruautés, des violences, des représailles et des malheurs qui pèse d’un siècle à l’autre sur l’histoire des hommes par simple ignorance de cette unité.
“Et son troisième principe était la religion comme source d’amour et de paix. Sans quoi, elle se renie elle-même et devient mensonge.
Toute sa valeur est dans la révélation de cette unité profonde qui fait de nous des frères.
“Si elle doit servir à dresser de nouvelles barrières, enflammer de nouvelles haines, allumer de nouveux bûchers, elle perd ses droits à la conquête des âmes. Elle devient un poison plus dangereux que les autres.
“La religion n’est vérité que dans la mesure où elle fond les distances et tend à l’harmonie.
“Son quatrième principe, c’était la parenté fondamentale des messages prophétiques. L’un après l’autre, ils ont amené les hommes à regarder du même côté. La pureté de la vie, l’esprit de sacrifice, la compassion pour autrui, la soif de justice et la prédominance de l’éternelle unité sous les formes passagères tous ont eu le même but et la même inspiration.
"Si leurs adeptes intolérants se querellent sur des mots, c’est qu’ils n’en ont jamais compris le sens véritable. Les étiquettes séparent quand le contenu pourrait unir.
"Au XVIe siècle, un souverain musulman, le Grand Mogol Akbar, fut profondément convaincu de cette vérité-là. Empereur des Indes, il fit venir à sa cour d’Agra les pères jésuites de Goa pour lui expliquer l’Evangile et les Destours du Gujarat pour lui commenter Zoroastre. Il écouta patiemment les brahmanes hindous et les Jaïns végétariens, qui lui firent honte de ses chasses.
“Assis entre les missionnaires, en son palais de Fatehpur, il apaisait leurs querelles et les obligeait à s’ècouter mutuellement pour apprendre quelque chose de la foi d’autrui. Lui-même apprit beaucoup des soufis musulmans, qui comprenaient l’unité profonde sous les couleurs différentes. Akbar fit construire au Shaykh Salim un tombeau magnifique, où brille sous la nacre étincelante ce dernier conseil: ‘Ne regarde pas des deux côtés, en même temps vers le soi transitoire et vers l’immortelle essence.’
"Le cinquième principe de Bahá’u’lláh,
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c’était le devoir sacré de respecter la science
et d’éviter tout divorce entre la foi et la
raison. Quelle révolution!
"Aprés avoir travaillé lui-même à développer les connaissances, le clergé s’était peu à peu renfrogné dans sa crainte des recherches. La vérité lui faisait peur. On le vit mettre à la torture les observateurs honnêtes de la nature et de ses phénomènes.
"Religion devint synonyme d’ignorance et d’aveuglement. Bahá’u’lláh déchirait ce rideau crasseux. Si la religion est vérité, comment serait-elle ennemie de la science qui la recherche aussi?
"L’honnêteté scrupuleuse est l’apostolat du savant, et la compassion fait de lui un saint quand il emploie ses découvertes à soulager les souffrances.
—Et s’il cherche au contraire des moyens de faire souffrir et met son grand savoir au service de la guerre?
—C’est aussi le divorce. Il n’est pas moins déshonorant pour la science que pour la religion.
"Le sixiéme principe de Bahá’u’lláh prévoyait justement l’abolition de la force comme instrument de politique nationale et l’établissement d’une cour de justice avec une assemblée des nations.
"Le septième, s’était l’enseignement d’une langue auxiliaire commune dans toutes les écoles du monde, pour faire tomber l’un des plus grands obstacles à la compréhension mutuelle.
"Le huitième, c’était l’instruction publique obligatoire, en particulier pour les filles. Elles seront demain les mères de famille. C’est elles qui élèveront les enfants à leur tour.
“Bahá’u’lláh demandait l’égalité des droits pour l’homme et la femme. C’était son neuvième point. L’humanité qui peine a deux ailes pour voler. Avec une seule, elle reste à terre.
"Son dixième principe était le travail pour tous. Ni riches oisifs, ni pauvres a l’aumône. Une place à chacun pour le service de tous. C’est le premier culte à maintenir.
"L’onzième était l’abolition des extrêmes: La fortune aux uns, la misère aux autres. La communauté doit prendre à sa charge les vieillards et les infirmes. Il ne doit pas y, avoir de classe opprimant les autres et vivant à leurs dépens.
"Le douzième enfin mettait au-dessus de tout l’unité divine et l’obéissance à la volonté de Dieu, révelée par ses manifestations.
“L’Islám a toujours proclamé ce dogme avec majesté, mais les religions luttent en brandissant le nom d’un prophète ou d’un autre, au lieu d’insister sur leur enseignement, qui pourrait les rapprocher. Bahá’u’lláh tâchait de faire tomber les parois, non pas Mahométisme avant tout, mais vraiment Islám, c’est-à-dire soumission commune à la volonté suprème.
"On ne parlait alors ni d’un Wilson, ni d’un Zamenhof, mais l’exilé de Bahjí montrait aux générations futures le chemin qu’elles devaient prendre. Son fils ‘Abdu’l-Bahá répandit plus tard son message en Europe et en Amérique. Même un libre penseur comme Auguste Forel s’y rallia de grand coeur. Le cercle amical des Bahá’í s’étend autour du monde.
"En Perse, un million d’entre eux soutiennent des écoles, fameuses dans le pays.”